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10 octobre 2019
Auteurs et autrices : Nicolas Meunier

Les émissions de l’aviation internationale pourraient tripler d’ici 2045 et compromettre les objectifs du secteur

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Par Nicolas Meunier – Consultant 

Dans un article publié en février dernier, Carbone 4 mettait en évidence la difficulté à s’aligner avec un objectif 2°C tout en maintenant une forte croissance du trafic. C’est maintenant au tour de l’ICAO, l’organisme onusien en charge du transport aérien, d’alerter sur les émissions de CO2 du trafic international qui devraient augmenter selon lui de 2,2 à 3,1 fois d’ici 2045. [1] En effet, selon l’ICAO, les deux mesures devant endiguer le boom des émissions de CO2, à savoir l’efficacité énergétique et l’utilisation de carburants alternatifs, ne parviendront pas à compenser les effets liés au triplement du trafic aérien, sur la période. Même dans son scénario le plus optimiste, l’ICAO prévoit une amélioration de l’efficacité énergétique de 1,37%/an (en supplément du gain énergétique lié au renouvellement naturel de la flotte avec le standard d’aujourd’hui), ce qui reste significativement inférieur à l’objectif ambitieux de 2%/an endossé par le secteur. 

D’autre part, l’organisme estime que les carburants alternatifs ne représenteront que 2,6% de la consommation du transport aérien international en 2025, et s’il est mentionné qu’il est « physiquement possible » de satisfaire l’intégralité des besoins avec des carburant alternatifs en 2050, cela nécessite des investissements « extrêmement importants » et un soutien politique substantiel, ce qui demeure donc très incertain. Alors que l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA, la fédération des compagnies aériennes) prévoit une évolution du trafic passager total (domestique et international) en ligne avec les projections de l’ICAO (doublement du trafic d’ici 20 ans) [2], on peut se demander comment le transport aérien va atteindre ses ambitions environnementales

En effet, avec un taux de croissance similaire, les émissions de CO2 du transport aérien domestique devraient évoluer de manière similaire à celles du transport aérien international. Or, même en combinant les scénarios très optimistes des deux mesures de réduction des émissions (1,37%/an d’amélioration de l’efficacité énergétique et 100% de carburants alternatifs), les émissions de CO2, à minima pour le transport international, seront au même niveau en 2050 qu’en 2005 selon l’ICAO (voir graphe ci-dessous*), alors que l’objectif du secteur est de les réduire de 50% sur cette période. * Ce graphe comporte une ambiguïté car elle semble agréger une approche en cycle de vie pour les émissions des carburants alternatifs d’une part et les émissions purement liées à la combustion pour le kérosène conventionnel (cf point de 2005). 

Alexandre de Juniac, directeur général de l’IATA, insistait récemment sur le fait que l’aviation n’avait pas assez communiqué sur ses objectifs environnementaux [3] ; peut-être faudrait-il maintenant se concentrer sur les moyens pour les atteindre et les rendre réalistes ? 

Sources : [1] Greenair [2] IATA [3] La Tribune


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