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4 juin 2020

Comment nous déplacerons-nous après le confinement ?

Cet article a initialement été publié dans notre newsletter Décryptage Mobilité. Pour recevoir par mail les prochains articles dès leur publication, abonnez-vous dès maintenant. Par Célia Foulon – Consultante 

Le déconfinement en France est annoncé pour le 11 mai. Nous retournerons travailler, nous reprendrons certains de nos loisirs et nos déplacements reprendront petit à petit leur place dans notre quotidien. Mais il y a fort à parier que la crise sanitaire ne sera pas sans conséquence sur nos habitudes de mobilité. Par exemple, qui aura envie de risquer sa vie en se jetant dans une rame de métro ou dans un bus s’ils sont bondés ?

Une ruée vers la voiture ?

Si certains n’auront pas le choix (ou n’auront pas peur) et prendront les transports en commun, d’autres se tourneront vers des alternatives permettant d’éviter la promiscuité. Une enquête Ipsos révèle qu’en Chine, une hausse de l’utilisation de la voiture personnelle a été observée suite au déconfinement, au détriment des transports en commun [1]. D’après cette même enquête, 66% des Chinois qui ne possèdent pas de voiture aujourd’hui souhaitent, en grande majorité pour des raisons sanitaires, en acheter une dans les 6 mois à venir. Ce phénomène est d’autant plus vrai pour les habitants des grandes villes ou des zones les plus touchées par le COVID-19. Malheureusement pour le climat les tendances n’ont pas changé et c’est le SUV qui emporte haut la main les intentions d’achats (47%). Une petite consolation réside dans le fait que c’est la motorisation électrique qui est la plus plébiscitée avec 59% des intentions d’achats. Le risque est donc bien là : le coronavirus pourrait donner un nouveau souffle à l’ère du tout voiture et de l’autosolisme dans les grandes villes, quand bien même c’est le souffle de l’humanité que ce mode de mobilité met en danger [2]. Et pourtant, comment pourrait-on en vouloir aux automobilistes de simplement vouloir se protéger et protéger les autres d’un virus dont on ne connait que trop bien les dangers ? Quelles autres alternatives pourrait-on avoir ?

Pourquoi pas le vélo ?

Dans plusieurs villes du monde, c’est le vélo qui a été mis à l’honneur comme solution de mobilité luttant à la fois contre la congestion automobile des villes, contre la pollution et contre la promiscuité. Des villes comme Bogota, Berlin et Mexico ont profité de la baisse du trafic routier pendant le confinement pour créer des pistes cyclables comme alternatives aux transports en commun [3]. En France, Nice, Bordeaux, Montpellier et Paris par exemple se lancent dans le déploiement de pistes cyclables provisoires. A Paris, le projet de RER Vélo va être accéléré pour que les premières pistes (provisoires avant de devenir pérennes) soient ouvertes pour le déconfinement [4]. La bonne nouvelle, c’est qu’après les grèves de décembre, beaucoup sont sans doute déjà équipés pour s’affranchir des transports en commun. Et pour tous ceux qui n’auraient pas encore sauté le pas, et dont le vélo prend la poussière dans un garage, le gouvernement propose un chèque réparation de 50 euros pour remettre en état les quelques 20 millions de vélos non utilisés mais présents sur le territoire [5]. La volonté de l’État est claire : remettre les Français en selle et éviter de voir une explosion de l’utilisation de la voiture comme en Chine.

Une diminution de nos déplacements ?

Et si le vélo (ou la marche à pied d’ailleurs !) n’est pas une option pour tous, le confinement aura quand même eu le mérite de nous faire réfléchir à nos déplacements. D’après une étude de l’ObSoCo [6], 62% des gens confinés apprécient passer moins de temps dans les transports et 38% des Français disent avoir pris conscience que leurs déplacements pourraient se faire dans un périmètre plus restreint, à pied ou à vélo. De quoi laisser entrevoir une remise en question de nos déplacements quotidiens qui pourrait aboutir sur une diminution des distances parcourues. Le confinement a aussi été l’occasion pour 1 salarié sur 4 de tester le télétravail pour la première fois, et malgré les conditions parfois difficiles (enfants et/ou conjoint présents, matériel et mobilier non adapté, etc.), l’expérience a été agréable pour plus de la moitié des télétravailleurs et beaucoup aimeraient pouvoir télétravailler plus régulièrement suite au déconfinement. Mais ce n’est pas tout ! Cette étude nous apprend également que les Français, après avoir drastiquement diminué leurs déplacements pendant 2 mois, se disent majoritairement favorables à des mesures de limitation de leurs déplacements afin de lutter contre la crise climatique, mais à condition que cette limitation soit équitable et ne permette pas aux plus aisés d’y déroger. Matière d’une part à méditer sur l’importance d’organiser une transition socialement juste et d’autre part à confirmer la remise en cause de la pertinence et de la nécessité de beaucoup de nos déplacements. Nos déplacements seront donc fortement impactés par la crise sanitaire. Et si l’issue du choix cornélien entre transport en commun, voiture, vélo ou marche à pied est encore incertaine, une chose est sûre : on a hâte d’être au 11 mai ! 

Sources : [1] Étude Ipsos [2] Le Monde [3] Les échos [4] Région Île de France [5] Le Parisien [6] Forum Vies Mobiles


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