Quelle place accorder au vélo dans les déplacements de demain ?
Cet article a initialement été publié dans notre newsletter Décryptage Mobilité. Pour recevoir par mail les prochains articles dès leur publication, abonnez-vous dès maintenant. Par Eloïse Dulac – Consultante
Traditionnellement associé à une pratique de loisir, l’usage du vélo se développe dans les déplacements quotidiens des Français et fait l’objet de nombreuses annonces dans l’actualité. Le véhicule en lui-même évolue pour s’adapter aux besoins des utilisateurs, comme par exemple pour permettre le transport des enfants ou encore le port de charges lourdes [1]. Les vélos s’électrifient aussi pour permettre de parcourir des distances plus longues, facilitant ainsi l’adoption du vélo même si l’itinéraire comporte des côtes importantes. À l’approche des élections municipales, la place de la voiture dans les villes est remise en question et les initiatives pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air se multiplient. Le vélo, notamment dans sa version électrique, fait partie des mesures envisagées pour répondre à cet objectif. Certains prédisent d’ores et déjà une importante augmentation des ventes dans la décennie à venir [2]. Du point de vue de l’empreinte environnementale, soulignons que les vélos électriques disposent de batteries environ 100 fois moins grosses que les voitures électriques (0,3 à 0,6 kWh pour les vélos contre 30 à 100 kWh pour les voitures). L’impact de la fabrication est donc bien moindre que celle de la batterie d’une voiture électrique. Les émissions engendrées par la consommation d’électricité sont elles aussi sans commune mesure avec les émissions pour les véhicules électriques. Par ailleurs le vélo électrique, en plus de son impact carbone plus faible, se distingue de la voiture électrique par des émissions beaucoup plus faibles de polluants locaux (dues au freinage, aux frottements des pneus sur le bitume etc.) [3]. Enfin, pour d’autres considérations telles que l’occupation de l’espace et la congestion, le vélo électrique montre de nombreux avantages par rapport à la voiture électrique, elle-même substantiellement moins carbonée que la voiture thermique en France. C’est un mode de transport tout à fait indiqué pour des déplacements urbains. Le potentiel d’utilisation du vélo ne se limite pourtant pas aux villes. Selon une étude publiée par la FNH [4], 50% des français pourraient effectuer (tout ou en partie) leurs déplacements quotidiens en vélo. Si la proportion est plus importante en ville, elle est cependant loin d’être nulle dans les zones moins densément peuplées.
Aujourd’hui, un certain nombre de freins s’opposent à une adoption massive du vélo. A ce sujet, une récente étude de B&L évolution [5] met en avant six mesures nécessaires au développement du vélo pour des usages urbains et péri-urbains. Nous avions eu l’occasion par ailleurs dans ces lignes de présenter les enseignements, assez similaires, du rapport du collectif Paris en Selle [6]. En plus des aménagements nécessaires pour permettre l’usage des vélos en toute sécurité, l’adoption du vélo est conditionnée par la création d’un écosystème autour du vélo semblable à celui qui existe aujourd’hui autour de la voiture : services de location, d’entretien, de stockage, création d’écoles de conduite. Le développement des déplacements en vélos ne s’ajoute pas simplement aux modes de transport existants mais questionne l’hégémonie des voitures et la cohabitation entre les différents modes. La création de nouvelles infrastructures doit donc se faire en repensant la priorité accordée à chaque moyen de transport sur les différents axes. L’installation des zones de stockage doit aussi se faire en pensant à l’intermodalité et notamment en permettant l’usage combiné du vélo et des transports en commun. Pour que le vélo devienne véritablement un moyen de transport à part entière pour les déplacements domicile-travail, des campagnes de communication doivent être mises en place à destination à la fois des potentiels usagers mais aussi des entreprises pour les encourager à mettre en place des conditions favorables pour l’adoption du vélo, par exemple avec des emplacements protégés pour garer les vélos, ou encore des douches et vestiaires accessibles aux cyclistes. Le vélo semble donc prometteur mais son utilisation massive est conditionnée à un certain nombre d'évolutions qui impliquent à la fois de favoriser l'usage des vélos mais aussi de diminuer les avantages accordés à l'utilisation de la voiture.
Sources :
[2] eBikeGeneration
[3] Novethic
[4] FNH
[5] B&L évolution, Comment développer l’usage du vélo sur son territoire ?
[6] Carbone 4
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