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24 octobre 2022
Auteurs et autrices : Clément Mallet

Été 2022, un amer avant-goût de l’impact du changement climatique sur les transports

Canicule, mégafeux, orages…l’été qui vient de se conclure a été exceptionnel en France[1] comme dans le monde. L’arrivée de l’automne est l’occasion pour Carbone 4 de revenir sur les conséquences physiques de ces évènements sur les transports et de comprendre ce qu’ils laissent entrevoir du monde des transports de demain.

Des conséquences du changement climatique déjà marquées 

Nos infrastructures de transports sont vulnérables aux aléas climatiques. En France, c’est déjà le cas pour tous les modes : ferroviaire, routier, maritime, fluviale et aérien.

Pour le rail, les évènements météorologiques de cet été se sont traduits par de très nombreux retards. En effet, comme l’expliquent bien ces vidéos pédagogiques de la SNCF[2], rails et caténaires sont sensibles par la chaleur. Et ce qui est vrai pour la SNCF l’est aussi pour les transports en commun (tram et métro), notamment lorsqu’il circule en extérieur[3]. De plus, les lignes électrifiées dépendent d’infrastructures, telles que des transformateurs, qui sont eux-mêmes directement affectés en cas de forte chaleur. En juillet, la canicule a ainsi provoqué une coupure totale d’électricité pour un Thalys. Résultat : 12h de retard au total, dont plus de 4 heures d’attente enfermé par 40°, à tel point que certains passagers excédés en sont venus à casser les fenêtres au marteau brise-vitre[4] !

Pour la route, en plus, par exemple, des pics de pollution récurrents en cas de forte chaleur[5] qui ont pour conséquence un abaissement des vitesses maximales, certains territoires ont fait face à des impacts catastrophiques. Les aléas climatiques ont affecté non seulement l’exploitation des infrastructures, mais aussi directement leurs intégrités. Ainsi, en Guadeloupe, les glissements de terrain causés par la tempête Fiona du 17-18 septembre ont endommagé de nombreuses routes tandis que les cours d’eau en crue ont arraché des ponts[6].

Pour le maritime et le fluvial, l’exemple du Rhin est le plus frappant. La sécheresse qu’a subie la région a paralysé le trafic fluvial pendant plusieurs jours. En effet, avec moins de 40cm à Kaub - le principal point de référence - un grand nombre de péniches ont dû circuler partiellement chargées, voire arrêter totalement de circuler. Après une sécheresse similaire en 2018 sur le Rhin, la Deutsche Bank avait mesuré que celle-ci avait coûté à l’Allemagne pas moins de 0,2% de son PIB[7].

Pour l’avion, c’est juste de l’autre côté de la Manche qu’il faut regarder pour voir les impacts les plus frappants. Mi-juillet, l’aéroport de Lutton, 14eme plus grand du Royaume-Uni a dû suspendre ses vols. La raison : une partie du tarmac, présentant un défaut, avait commencé à fondre[8].

Des conséquences amenées à empirer

Ces phénomènes météorologiques qui affectent le transport sont amenés à empirer avec le réchauffement climatique. L’année 2022 peut sembler exceptionnelle par rapport aux années passées, mais les prévisions climatologiques laissent présager le pire pour les années et décennies à venir.

Les dommages sur les infrastructures devraient se multiplier. Ainsi le risque de glissement de terrain affectant des routes est amené à augmenter en Europe et notamment dans des régions telles que l’Alsace[9]. De même, le risque d’inondation des lignes ferroviaires pourrait doubler, voire tripler en Europe[10]. La montée du niveau de la mer viendra aussi menacer l’ensemble des modes de transports comme l’illustre cette infographie[11].

Au global, il semblerait toutefois que ça soit les vagues de chaleur qui représente la principale menace pour les transports en raison du flambement (déformation sous la contrainte) des routes, des voies ferrées et des ouvrages d'art, de la fonte de l'asphalte routier et du ramollissement du matériau de la chaussée[12].
Au total, en Europe les coûts des dommages aux infrastructures de transport liés aux aléas climatiques pourraient passer d’environ 600 millions d’euros par an en moyenne, à 3 milliards sur 2010-2040, 6 milliards sur 2041-2070 et enfin 12 milliards d’euros par an d’ici à la fin du siècle[13] 

Le temps de l’action

L’été 2022 n’est malheureusement qu’un avant-goût du défi qui attend les transports pour s’adapter aux conséquences physiques du changement climatique. Pour les gestionnaires de réseau, les opérateurs, les pouvoirs publics et tous les autres acteurs du secteur, il est temps de prendre conscience que pour l’adaptation comme pour la réduction des gaz à effet de serre, il est temps d’agir, et vite.


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