Aura-t-on le courage de réduire la vitesse maximale autorisée sur autoroute ?
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Par Stéphane Amant – Senior Manager
Vous vous souvenez certainement du ramdam provoqué en France en 2018 par la décision gouvernementale de baisser à 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur route (à double sens de circulation). Avec le recul, on réalise ainsi que cet élément a été l’un des facteurs déclencheurs du mouvement des Gilets Jaunes. C’est dire si le sujet de la vitesse sur les routes est sensible dans notre pays. A un point tel qu’une énergie considérable a été dépensée par les acteurs de ce débat pendant des mois, occultant à cette occasion des questions de société bien plus essentielles [1]. Cette mesure porte pourtant en elle des bénéfices tangibles pour la sécurité des personnes et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), par la baisse de la consommation d’énergie, à moindre coût pour la collectivité [2].
Aujourd’hui, un pays proche voisin de la France se saisit du sujet et ne fait pas dans la demi-mesure : les Pays-Bas viennent d’annoncer la baisse drastique de la vitesse maximale autorisée sur autoroute de 130 à non pas 120, ni même 110, mais… 100 km/h ! [3] [4]. Cette réglementation entrera en vigueur au 1er janvier 2020, en préservant toutefois une plage horaire entre 19h et 6h du matin pour les nostalgiques du 130 km/h. La décision s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire les émissions de GES du pays, dans un contexte où l’Etat néerlandais avait perdu en justice contre la société civile pour inaction climatique dans un procès désormais devenu célèbre (l’affaire Urgenda, [5]), car inspirateur d’autres actions similaires partout dans le monde, notamment en France avec Notre Affaire à Tous [6]. La position courageuse adoptée par les Pays-Bas est d’autant plus à saluer qu’elle a été prise par un gouvernement dominé par un parti conservateur, plutôt considéré comme pro-automobilistes, et surnommé à ce titre le parti Vroum-Vroum !
Aura-t-on le courage en France d’adopter une mesure similaire ? Si le passage à 100 km/h paraît improbable et sans doute inadapté (les conditions de trafic et la géographie étant pour le moins très différentes entre les deux pays), une réduction à 120 km/h, voire 110 km/h (comme c’est déjà le cas sur bon nombre de tronçons autoroutiers), serait un geste fort de la part de l’Etat dans la lutte contre le changement climatique. Et au demeurant pour le pouvoir d’achat des automobilistes ! Pour rappel, les réductions d’émissions de GES permises par ce type de mesure serait d’environ 1,5 à 2 MtCO2 par an [7] [8], un ordre de grandeur comparable au gain escompté par l’augmentation de la fiscalité essence / diesel, ou par la mise en place du service public de rénovation énergétique ou encore par le soutien à l’agriculture biologique et raisonnée. Il s’agit donc d’une mesure de sécurité routière avec des co-bénéfices climat importants. Si l’on souhaite que l’intérêt individuel ne prime pas sur l’intérêt général dans cette affaire, tenons-en compte dans le débat public ! Article rédigé par Stéphane Amant – Senior Manager
Sources : [1] Chronique sur LinkedIn [2] Carbone 4 [3] Revue internationale [4] Ouest France [5] Journal de l'Environnement [6] Notre Affaire à Tous [7] ADEME [8] MTES
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