Labels, standards et décarbonation : Regards d’experts de Carbone 4 sur la finance durable
Carbone 4 tire les 3 enseignements clés de son évènement organisé lors de la Semaine de la Finance responsable
Dix ans après l’Accord de Paris, la finance durable est sortie de la confidentialité : labels, notations, standards climat et trajectoires « net zero » structurent désormais le quotidien des investisseurs et financeurs. Mais pour une banque, un assureur ou une société de gestion, une question très opérationnelle demeure : comment mener à bien la décarbonation des portefeuilles, dans un paysage de cadres, de labels et de réglementation en évolution ? Comment créer les conditions pour l’émergence d’une « finance compatible avec un monde durable », selon les mots de Jean-Marc Jancovici ?
C’est à cette question qu’ont répondu les échanges organisés par Carbone 4 Conseil et Carbon4Finance à la REcyclerie à Paris, dans le cadre de la Semaine de la Finance responsable. Après une introduction de Jean-Marc Jancovici et Laurent Morel, associés de Carbone 4, Lucie Mauzé (Climate and Biodiversity Data Sales, Carbon4 Finance) a animé une première table ronde avec Matthieu Silva Santos (Directeur de l’offre et de l’ISR, Goodvest), avant qu’une seconde discussion, modérée par Georges Dib (chef de projet, pôle Sustainable Finance de Carbone 4), ne donne la parole à Marc Wormser (directeur général, Banque Wormser Frères).
Trois enseignements clés pour les financeurs et investisseurs
1. Labels et standards : un point de départ, pas un aboutissement
Les labels (ISR, Greenfin, Finansol…) fonctionnent comme des tampons visibles par le grand public, tandis que les standards (SBTi, Net Zero Investment Framework, etc.) donnent un langage commun aux professionnels pour fixer des objectifs et structurer des plans d’action. « Leur valeur provient de leurs qualités d’exigence, de transparence et de lisibilité » comme l’a rappelé Laurent Morel, associé de Carbone 4.
Mais ce sont des outils vivants, qui évoluent avec la science, la qualité des données et la pression réglementaire. Cette évolution est positive, à condition d’être lisible. Matthieu Silva Santos de Goodvest a rappelé combien la multiplication des référentiels – labels nationaux, cadres européens, standards volontaires – peut créer de la confusion si les objectifs, les exclusions et les limites méthodologiques ne sont pas expliqués clairement aux clients.
Lucie Mauzé a insisté sur le rôle pédagogique des fournisseurs de données extra-financières : rendre des métriques complexes interprétables, expliciter les hypothèses, assumer les zones d’incertitude. C’est en s’appuyant sur les données de Carbon4Finance que Goodvest peut compléter les labels par une méthodologie propre qui évalue la trajectoire de réchauffement et l’impact biodiversité des portefeuilles des épargnants, pour ne retenir que des fonds réellement alignés avec l’Accord de Paris.
2. La crédibilité des engagements devient un risque à piloter
Ce qui est présenté comme durable l’est-il vraiment ? Aujourd’hui, un engagement climat qui n’est pas crédible devient lui-même un risque de réputation, de conformité et de marché. L’enjeu n’est pas d’empiler les logos de labels, mais de pouvoir démontrer, faits à l’appui, que les engagements, les portefeuilles et les incitations internes vont dans le même sens.
Labels et standards doivent donc s’accompagner de transformations visibles : application des politiques d’exclusion des énergies fossiles, trajectoires de décarbonation crédibles, gouvernance engagée. Marc Wormser l’a rappelé en partageant l’approche holistique de la Banque Wormser Frères, accompagnée par Carbone 4 Conseil, qui articule convictions et sélection des contreparties financées, approche différenciée par classe d’actifs et adaptation de la gouvernance, en particulier via la rémunération variable des équipes.
3. Passer de « réduire les émissions financées » à « financer les réductions d’émissions »
Ce nouveau risque de crédibilité et les réformes des labels mettent en lumière la mutation récente des approches de la finance climat. La première vague d’initiatives s’est concentrée sur la baisse des « émissions financées » au niveau des portefeuilles, via des objectifs en émissions absolues ou en intensité et des arbitrages d’allocation. Cette logique a permis de structurer le sujet, mais elle a parfois abouti à une décarbonation principalement comptable ou dite « sur le papier ».
Le mouvement qui s’amorce va plus loin : il s’agit désormais d’orienter les flux financiers vers des réductions d’émissions réelles dans l’économie. Autrement dit, de ne plus se limiter à améliorer l’empreinte carbone agrégée d’un portefeuille, mais à financer des plans de transition et des solutions bas-carbone, en pilotant et mesurant l’alignement de son portefeuille. Georges Dib l’a formulé ainsi en reprenant les termes du Net Zero Investment Framework : « on ne peut plus se contenter de réduire les émissions financées, il faut financer des réductions d’émissions ».
Cette bascule suppose d’inscrire ces outils que sont labels et standards dans une stratégie climat cohérente à l’échelle de l’institution : se doter d’un plan pour diminuer le financement du brun et augmenter le financement du vert, faire évoluer la gouvernance et les systèmes de rémunération, former les équipes et leurs clients, et concevoir des produits qui accompagnent concrètement les acteurs économiques dans leur transition.
La mutation des approches de décarbonation de la finance
Le Pôle Finance de Carbone 4 Conseil travaille aujourd’hui à traduire ces principes en outils opérationnels : analyser les référentiels, construire des trajectoires crédibles, relier objectifs de portefeuille et plans d’engagement, et concevoir des produits et politiques qui financent des réductions d’émissions tangibles.
Carbon4Finance met à disposition des investisseurs des données climat et biodiversité indépendantes et robustes, pour éclairer leurs décisions et renforcer la crédibilité de leurs engagements.
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